Les Japonais disent shinrin yoku, (bain de forêt) ; les Néerlandais disent uitwaaien, (marcher dans le vent). Le français est-il si pauvre pour manquer de mot ? ou est-il à jamais enchaîné à la distinction entre culture et nature, héritée à tort et à travers de Descartes ?
Lâchés dans la nature, cette expression bien française apparait soudain dans toute sa monstruosité.
Lâchés dans la nature, nous sommes immédiatement suspectés d’être des sauvages, sans foi ni loi, de nous abandonner sans raison aux dangers méconnus qui peuplent les forêts, les déserts, les montagnes, les abysses.
Lâchés dans la nature, et le clergé moralisateur de nos sociétés productivistes n’est jamais bien loin pour compléter le dénigrement et accabler celles et ceux, récalcitrants aux normes, qui aspirent à s’enforester au pire de paresseux et fainéants, au mieux de poètes et contemplatifs. Hugo est de ceux-là, et le clama bien haut.
A l’évidence, s’enforester est un besoin vital. L’humain n’est rien en soi. Il appartient à la nature, dont il ne peut vraiment s’extraire. A commencer par les millions de bactéries qui vivent en symbiose avec sa carcasse.
Alors, enforestons-nous !
Laissons les feuilles crisser sous nos pieds, laissons les rais de lumière énergiser nos pensées, laissons les oiseaux réenchanter nos rêves. Perdons-nous dans la douceur du soir pour ressentir l’extase et poursuivre l’élan vital.
Retrouver notre part de nature. Obéir à notre nature.