Dans ce petit nu, inspiré du grand, l’obscénité est moins dans la nudité du sujet que dans l’esthétisation du déchet plastique.
Il y a un quelque chose d’obscène à vouloir rendre beau une ordure.
Ce défi, qui sous-tend toute ma démarche artistique, vise à conjurer notre décrépitude et la finitude de notre carcasse.
A partir du plastique des plages, je crée la plastique des plages.
En faisant disparaître l’objet indésirable, la plage nue retrouve sa beauté naturelle. Au-delà de la valeur patrimoniale de la carte postale, il s’agit de réaffirmer que la vérité du beau se trouve non loin du nu, du dépouillé, du brut.
Au premier abord, on pourrait m’objecter que cette dénaturation infirme la dénonciation de la pollution, banalise le déchet qui nous entoure, aveugle le consommateur béat, auquel je propose encore un objet plastique.
Il me semble, au contraire, que le trouble, le malaise, induit par ce décalage entre l’état de détritus et sa valorisation en medium artistique, doit stimuler la réflexion la plus profonde sur ce qu’il y a de plus obscène dans nos vies.
Où est l’obscénité sur une plage?
Dans un corps dénudé baigné de lumière ou dans une ordure abandonnée, toxique et létale ?
Où est l’obscénité dans notre mode de vie ?
Dans la simplicité volontaire, libre et assumée, garante de notre pérennité dans le vivant ? Ou dans la fuite en avant consumériste, irraisonnée et suicidaire ?
Où est l’obscénité dans notre modèle sociétal ?
Dans la nécessaire acceptation de raisonner nos désirs pour nourrir notre liberté ? Ou dans la croyance folle que l’enrichissement matériel, confisqué par quelques-uns, justifie le sacrifice total du monde vivant ?