L’invisible est sournoisement nuisible
L’évidence des macro-déchets masque souvent une réalité bien plus insidieuse qui fait qu’à l’autre bout du spectre, les micro-déchets sont plus néfastes et toxiques encore. Ils sont cachés dans la masse sableuse, sous nos serviettes.
Tamiser la plage à la passoire
Pour illustrer cet autre aspect de la pollution plastique, je ne peux raisonnablement pas descendre en dessous du millimètre, mais armée de tamis et de pinces fines, j’ai jeté mon dévolu, pour cette série Peep Show, sur les granulés plastiques industriels, cyniquement surnommés larmes de sirène.
Ca fait combien des centillions ?
L’industrie fabrique et perd avant plasturgie des trillions, des décillions, des centillions de ces perles de plastique brut. Dans l’océan, elles se gorgent de polluants et sont gobées par la faune marine, qui transmet en fin de chaîne alimentaire, polluants organiques persistants à nos poissons panés et trépanés.
Elles mesurent entre 2 et 5 mm et ont le plus souvent la couleur du sable.
Elles n’ont pas la nacre élégante d’un séjour lové au fond d’une huître
Et on se demande presque comment nos Arcachonnaises et nos Marennes ne sont pas encore toutes devenues perlières.
Pour cette plongée dans mon infiniment petit, j’ai détourné le thème de la perle, joyau des profondeurs, pour livrer une réinterprétation toute personnelle du regard de « La Jeune Fille à la Perle » par Johannes Vermeer.
Ainsi, ma « jeune fille aux 13 000 perles » inaugure la série Peep Show, qui compte sept tableaux formant un septyque… explorant et réinterprétant le regard de grandes figures féminines de notre panthéon artistique. La Vénus d’Urbino de Titien, l’Olympia et la jeune fille du Déjeuner sur l’Herbe de Manet, la Grande Odalisque de Ingres, la Naissance du Printemps de Botticelli, ou encore Marylin de Warhol. Depuis des siècles, elles soutiennent notre voyeurisme porté sur leur nudité et y opposent un regard inquisiteur sur tous nos défauts et le gaspillage que nous faisons de leur héritage.