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Coney Island Baby, février-mars 2016, 78x82. D’après la photo floue et ratée de Mick Rock, choisie malgré tout par Lou Reed pour l’album « Transformer », 1972.

Absoudre le monstre par l’art

Aussi détestable qu’ait été la personne de Lou Reed, c’est davantage le personnage transfiguré par le génie musical et poétique que ce portrait met en couleurs. Le trouble profond, provoqué par la coexistence violente de ces deux Lou interroge la possibilité de l’absolution de l’homme par l’art.

Sauver l’homme qui l’habitait

Qui mieux que le Rock’n’Roll Animal pour illustrer ce combat intérieur incessant entre la nature humaine imparfaite, décevante, et une aspiration constante à la pure transcendance ? L’artiste, virtuose et sauvage, jamais domestiqué, engoncé dans un être turpide, n’a jamais cédé aux sirènes du star system qui l’appelaient, préférant se consacrer sans relâche et sans concession à sauver l’homme qu’il habitait ou qui l’habitait. Et c’est bien cette lutte universelle et intemporelle qui le rend si émouvant et si humain.

Coney Island Baby questionne ce mécanisme de persévérance, fait d’attirance et rejet pour un objet-sujet, qui nous transporte au-delà de notre expérience et au-delà de notre fin.

« the glory of love… »

Un gobelet à l’effigie de Cendrillon, rappelant le Andy ‘Drella’ Warhol de la Factory producteur du Velvet Underground et une ventouse rappelant l’hymne Venus in furs, ont immédiatement fait résonner à mon oreille les souffles longs de « the glory of love… ». Leur assemblage contre-nature et monstrueux rend hommage aux arrangements iconoclastes de ses riffs de guitares rugueux avec ses textes célestes.

Faire du beau avec du laid

Sublimer nos déchets pour faire du beau avec du laid, poursuit cette prétention à nous élever au-dessus de nos sentiments pour accéder à cette liberté ultime par laquelle nous sommes capables de nous dépasser sans jamais nous renier, acceptant la concomitance de notre génie et de notre monstruosité.

Nous consoler pour nous réinventer

Comme si c’était dans cette quête d’absolu que se dissimule l’instinct de survie pour nous réinventer à l’infini, individu après individu, génération après génération, civilisation après civilisation.

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